Laurent Dubreuil a l'impression d'être dans les souliers de Gay avant les Mondiaux d'Hama
Laurent Dubreuil se compare souvent à un sprinter, puisque sa distance favorite en patinage de longue piste est la plus courte: le 500 m. Il n'a pas hésité mardi, à l'aube des Championnats du monde simple distance de patinage de vitesse qui se dérouleront à Hamar, en Norvège, du 13 au 16 mars, à se comparer à l'Américain Tyson Gay lors de la finale du 100 m aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Bien malgré lui.
Dans la capitale britannique cette année-là, Gay s'était contenté de la quatrième place en finale, malgré un temps canon de 9,80 secondes. Contre toute attente, les Jamaïcains Usain Bolt (9,63) et Yohan Blake (9,75), ainsi que l'Américain Justin Gatlin (9,79), l'avaient tous dépassé au fil d'arrivée.
En ce sens, Dubreuil croit que la compétition sera si relevée au 500 m qu'il est incapable de prédire qui grimpera sur le podium. Une chose est sûre, selon le patineur de Lévis, c'est que l'Américain Jordan Stolz sera «l'homme à battre».
«Je ne suis pas gêné de le dire: je pense sincèrement qu'il (Stolz) est le meilleur patineur de tous les temps. Ceci étant dit, même Usain Bolt, même Michael Phelps, n'a pas gagné toutes les courses de sa carrière. Évidemment, Stolz a gagné presque toutes les courses cette saison, avant de faiblir en fin de saison — à cause d'une pneumonie et d'un streptocoque —, mais ça reste incroyable qu'il soit encore le favori ici», a évoqué Dubreuil en visioconférence.
En plus de Stolz, Dubreuil a identifié le Kazakh Yevgeniy Koshki et le Néerlandais Jenning De Boo parmi ses principaux rivaux à Hamar.
«Ce sont trois patineurs exceptionnels. (...) Et je ne parle même pas du Japonais Tatsuya Shinhama, qui est le quatrième patineur le plus rapide de l'histoire. C'est donc une distance très relevée, et il va y avoir des patineurs extraordinaires qui ne seront pas sur le podium. On peut comparer ça à la finale du 100 m aux Jeux de Londres en 2012, où Tyson Gay avait fini quatrième avec un temps de 9,80 secondes. C'est ça qu'on vit en ce moment.
«Mon but, ça n'est pas de battre ces gars-là. Mon but, c'est de faire la meilleure course possible et ça me mettra où ça me mettra, a-t-il ajouté, serein. C'est la première fois que je me sens comme ça. Les autres années, je me sentais en contrôle. Je regardais les gars et je me disais que peut-être un ou deux gars pouvaient me battre, mais maintenant, il n'est pas exclu qu'ils soient trois à y parvenir. C'est là la plus grosse différence.»
Le Québécois âgé de 32 ans a indiqué qu'il participera également au sprint par équipes, jeudi, ainsi qu'au 1000 m, samedi.
Bien qu'il ne se considère pas parmi les favoris au 1000 m à ce stade-ci de sa carrière, le principal intéressé a dit qu'il «arrive avec une chance» de gagner le bronze sur la distance. Le médaillé d'argent olympique sur 1000 m aux JO de Pékin en 2022 a indiqué du même souffle que le sprint par équipes, une épreuve qui n'est pas inscrite au programme olympique, lui servira probablement d'échauffement en prévision du 500 m, présenté vendredi.
Dubreuil, qui a récolté six médailles sur 500 m sur le circuit de la Coupe du monde cette saison, assure donc que, peu importe les résultats, il ne serait pas déçu de repartir d'Hamar sans médaille accrochée au cou.
Et il reste à espérer que Dubreuil ne connaîtra pas le même sort que Gay après les JO de 2012, car l'Américain avait été épinglé pour dopage, le privant de sa quatrième place crève-coeur au 100 m.
Une première en poursuite par équipe
De son côté, Valérie Maltais est bien consciente qu'elle risque de repartir de Hamar les mains vides ce week-end. Ça ne l'empêche pas de se fixer des objectifs audacieux.
«Je pense que, si j'atteins un top-10 au 1500 m (dimanche), et des tops-5 au 3000 m (jeudi) et au départ groupé (dimanche), alors ce seraient vraiment de beaux accomplissements», a d'abord évoqué l'athlète âgée de 34 ans.
La patineuse de Saguenay a également indiqué qu'avec ses coéquipières franco-ontariennes Ivanie Blondin et Isabelle Weidemann, elles allaient déployer pour la première fois, en compétition, une nouvelle stratégie lors de la poursuite par équipes, qui aura lieu vendredi.
«Nous ne procéderons plus à des échanges: Ivanie va demeurer à l'avant, devant moi et Isabelle en troisième, a-t-elle expliqué. Nous avons hâte de l'appliquer, et je pense que ça sera une stratégie qui va nous faire du bien.»
Maltais a terminé la saison de la Coupe du monde quatrième au départ groupé, sixième à la poursuite par équipes avec Blondin et Weidemann, 11e sur 1500 m, neuvième sur 3000 m et neuvième sur 5000 m. Bref, une saison en deçà des attentes, de l'avis même de la principale intéressée.
«La façon que je vois ça présentement, c'est que je sais qu'il est très rare qu'une saison suive une progression linéaire, où tout va toujours pour le mieux. On dit qu'on se prépare pour la saison olympique (en 2025-26), et est-ce qu'elle se déroulera de façon linéaire? Je ne le crois pas. Donc, je garde présentement ma concentration sur les éléments que je peux contrôler.
«Je suis confiante de pouvoir offrir de bonnes courses (à Hamar). Ensuite, on réévaluera et on se préparera pour la prochaine saison», a-t-elle conclu.