Yan Pellerin tend la main à Camille Estephan
Christian Mbilli contre Maciej Sulęcki. Jean Pascal contre Michał Cieślak. En l'espace de 24 heures les 27 et 28 juin prochains, deux soirées de boxe d'envergure seront présentées au Centre Vidéotron de Québec et à la Place Bell de Laval. Plusieurs milliers de billets à vendre dans des marchés où plusieurs entités rivalisent pour séduire les amateurs. Est-ce... trop?
Aux yeux du promoteur Yan Pellerin – qui organisera le gala mettant en vedette Pascal, mais également l'ancien champion intérimaire des mi-lourds Marcus Browne, Patrice Volny ainsi que plusieurs autres –, la réponse est digne d'un enseignant de philosophie au cégep : noui.
L'homme à la tête de New Era Promotion aurait sans aucun doute préféré éviter ce genre de confrontation directe avec Eye of the Tiger, qui tiendra l'événement ayant Mbilli comme tête d'affiche, d'autant plus que l'attention populaire et médiatique sera comme toujours plutôt complexe à obtenir entre les deux fériés de la Saint-Jean-Baptiste et de la fête du Canada.
« Je n'ai aucune animosité envers Camille Estephan et Eye of the Tiger. Je désire même que nous puissions travailler ensemble pour que des situations comme celle-là n'arrivent plus, a lancé Pellerin en marge d'une conférence de presse qui a eu lieu lundi midi à la Place Bell.
« Il y a de la place pour les deux, mais nous aurions pu travailler sur une carte présentée au Centre Bell ou au Centre Vidéotron qui aurait été l'une des plus grosses des 15 dernières années en Amérique du Nord. Je suis ouvert, mais à voir s'il y a de l'ouverture de leur côté. »
Personne ne pourra jamais reprocher à Pellerin de manquer d'enthousiasme par rapport à son gala, qui marquera par ailleurs son chant du cygne en tant que boxeur, mais la réalité est qu'avec plus d'une vingtaine d'athlètes sous contrat, Estephan aurait difficilement pu communiquer à nombre d'entre eux que leurs services ne seraient finalement pas requis.
Qui plus est, il est assez facile de comprendre qu'Estephan n'a pas nécessairement envie de partager les fruits de son entente avec ESPN et rien n'indique que le réseau américain, qui prépare de toute façon sa sortie du sport, souhaite retransmettre le combat de Pascal.
Pellerin a d'ailleurs reconnu qu'il existe encore une forme de scepticisme de la part des décideurs au sujet de Pascal et que c'est pour cette raison qu'il a mis Browne sous contrat pour cinq duels. La présence sur ses événements de l'Américain, qui a déjà affronté Pascal et Artur Beterbiev par le passé, aiderait, paraît-il, à faire pencher la balance en leur faveur.
« Nous avons une grosse offre de DAZN pour du long terme, a prétendu Pellerin. Pour le show [du 28 juin] c'est moins évident, parce que Jake Paul et Gilberto Ramirez se battent en Californie. Mais il pourrait y avoir une sorte de pont en raison du décalage de trois heures...
« Nous sommes donc en discussions, mais c'est certain que DAZN nous a rappelé qu'il y a eu un essai avec un promoteur il n'y a pas si longtemps et que les dirigeants étaient déçus de ce qui s'était passé, de la façon que ç'avait été dirigé et de la piètre qualité du spectacle qui avait été donné. C'est certain qu'en regardant notre carte, ils trouvent cela intéressant. »
Le promoteur dont Pellerin parle sans le nommer est évidemment Yvon Michel, qui a organisé deux galas qui ont été présentés sur DAZN les 27 et 28 février derniers. La soirée du 27 février mettait en vedette Kim Clavel et ne comptait que quatre combats au total.
Pellerin n'a manqué de souligner à grands traits que ce genre d'événement nuisait à toute l'industrie et que le lien de confiance avec la communauté d'affaires et les amateurs était maintenant rompu. Le promoteur s'est donné pour mission de réparer les pots cassés.
Et c'est pour cette raison qu'il s'est associé au spécialiste de l'événementiel Jean-Paul Mouradian et que le nom de l'entreprise passera de New Era Promotion à New Era Sports and Entertainment. Pellerin a réalisé qu'il devait s'entourer pour atteindre ses objectifs.
« Des tables à 5700 $ pour 4 combats, il faut que ça cesse, a déploré Pellerin. Nous voulons modifier l'expérience client, nous voulons que les galas de boxe deviennent un événement.
Ce n'est pas la première fois que des initiatives sont prises pour redynamiser un sport qui traîne de la patte – et pas juste au Québec – depuis plusieurs années. Et ce n'est pas une hypothétique joute de Punch-Out!! sur écran géant entre Roy Jones fils et George St-Pierre comme Pellerin l'a suggéré qui changera la donne. Le promoteur doit absolument pouvoir miser une vedette qui fédérera tout le monde autour de lui. Pascal a-t-il encore cette aura?