La dernière grande occasion de Jean Pascal
C'est après la troisième bouteille de tequila que cela s'est décidé. Si Jean Pascal parvenait à battre Terry Osias, le président du WBC Mauricio Sulaimán s'arrangerait ensuite pour que le Québécois soit impliqué dans un combat de championnat chez les poids lourds-légers.
Il faut dire que Pascal avait prévenu le promoteur Yan Pellerin que c'était la façon de faire dans cette industrie aux règles et à l'éthique plutôt élastiques. C'est généralement autour d'une table, un verre à la main, que les plus grands dossiers finissent toujours par se régler.
Quelques mois plus tard, Pascal a respecté sa part du marché en passant un foudroyant knock-out à Osias au 10e et dernier round de leur affrontement présenté le 21 septembre dernier au Colisée de Laval, puis Sulaimán a livré la marchandise en offrant à Pascal une confrontation pour le titre intérimaire qui aurait normalement dû l'opposer à Ryan Rozicki.
Blessé à une jambe une semaine avant de se mesurer à Osias, Pascal a toutefois eu besoin de temps pour soulager ses maux, mais Sulaimán n'a jamais renié sa parole, si bien que l'ex-champion croisera le fer avec Michał Cieślak le 28 juin prochain à la Place Bell de Laval.
Une victoire permettrait évidemment à Pascal de réaliser un exploit inédit dans l'histoire de la boxe québécoise, c'est-à-dire devenir champion du monde dans une deuxième catégorie de poids, après l'avoir été chez les mi-lourds de juin 2009 à mai 2011 et d'août 2019 à juillet 2021. À 42 ans, il sait pertinemment que c'est sa dernière occasion de redevenir champion.
« J'y vais présentement un combat à la fois, mais pour moi, la défaite n'est pas une option, a déclaré Pascal en marge d'une conférence de presse tenue lundi avant-midi à la Place Bell.
« La boxe a toujours été le centre de ma vie. C'est certain qu'il faut que je commence à planifier la suite, mais c'est un sport qui me motive et fait de moi une meilleure personne. »
Tranquillement, mais sûrement, Pascal continue de poser les jalons de son après-carrière et ressentait une fierté palpable d'avoir encore une fois réussi à confondre les sceptiques.
« Lorsque je me suis associé à Yan, je lui ai dit que je lui ouvrirais les portes des grands réseaux américains et des présidents des différentes associations, a-t-il expliqué. C'est très gratifiant de voir tout ce que je peux apporter lorsqu'un promoteur décide de m'écouter. »
N'ayant pas l'habitude de changer une formule gagnante, Pascal s'est encore une fois tourné vers Hector Bermudez pour le préparer en vue de son combat contre Cieślak. Le gymnase de Bermudez est situé au Massachusetts, à environ une heure et demie de Boston.
« J'aime sa mentalité, a précisé Pascal. C'est un enseignant qui ne te dit pas seulement de lancer ton jab, mais il te dire pourquoi. Des fois, des entraîneurs vont te demander de sortir ton crochet. Mais encore? Hector va plutôt t'enseigner le meilleur moment pour le sortir. »
Reste à voir si tout ce travail portera ses fruits face à Cieślak, puisque le Polonais ne compte que deux défaites en carrière, lors de combats championnat du monde de surcroît.