Il faudrait commencer par se parler chez les Red Sox
COLLABORATION SPÉCIALE
Il y a quelque chose de profondément frustrant dans cette édition 2025 des Red Sox. Ce n'est pas juste une équipe qui perd. C'est une équipe qui perd mal. Une équipe qui répète les mêmes erreurs, soir après soir : des courses sur les buts douteuses, des prises de décision étranges, un manque de concentration flagrant.
Et le pire, c'est qu'il y a beaucoup trop de talent dans ce vestiaire pour que les résultats soient aussi décevants.
Mais voilà : le talent, ça ne suffit pas. Ça prend du leadership. Et le leadership, comme le respect, ça se gagne, pas juste en le disant haut et fort.
Au départ, on pouvait croire que le problème venait surtout du dossier Rafael Devers, géré de façon maladroite au camp, en ajoutant une couche lors de la blessure à Alex Bregman. Mais plus le temps avance, plus on comprend que le vrai problème, c'est un manque de communication généralisé à l'intérieur même de l'organisation. Une fracture invisible, mais bien réelle.
Bon début jusqu'à la chute
En avril, les Red Sox affichaient une fiche encourageante de 16-11, avec une moyenne de présence + puissance (MPP) de .795. Les lanceurs faisaient le travail, limitant leurs adversaires à un MPP de .695. Ce n'était pas parfait, mais ça ressemblait à une équipe sérieuse. Puis, mai est arrivé.
Le MPP offensif est tombé à .715, pendant que celui de l'adversaire grimpait à .721. Leur fiche? Une bonne dégringolade. Leurs 17 défaites par un seul point, contre seulement 5 victoires dans de telles situations, ne relèvent pas de la malchance. C'est un symptôme.
Défense en panne, constance absente
Regardons les faits froidement : un DRS (Defensive Runs Saved) de -17, parmi les pires du baseball. Ce ne sont pas les jeux spectaculaires qu'ils ratent. Ce sont les jeux de base. Ceux qu'au niveau majeur, ils devraient être complétés. Ceux qui coûtent cher quand tu perds par un point.
Depuis la blessure de Tristan Casas, on bricole au 1er but. Abraham Toro a livré des jeux impressionnants, mais la constance n'y est pas. La perte de Bregman aggrave le tout au 3e but. Et à travers tout ça, on sent une équipe désorganisée, presque livrée à elle-même.
Manque de sang-froid à l'attaque
Au bâton, même scénario : trop peu, trop tard. Les Sox frappent pour une moyenne de ,239 avec des coureurs en position de marquer (21e rang) et tombent à ,207 avec deux retraits (25e). Ce n'est pas juste une question de momentum. C'est une incapacité à capitaliser sur leurs chances.
Résultat? Début juin, ils sont en retard sur les Yankees par 9,5 matchs dans la division Est.
Des rumeurs... déjà?
C'est difficile à entendre pour les partisans, mais voilà qu'on entend déjà des murmures : Jarren Duran sur le point de prendre la route pour San Diego? Alex Bregman, utilisé comme monnaie d'échange à son retour?
Et pendant ce temps, certains entraîneurs se chamaillent avec des joueurs adverses… Mais qui va lever la voix dans le vestiaire?
Ça joue comme c'est mené
Je suis dans le baseball professionnel depuis 1989. S'il y a une seule chose que j'ai apprise, c'est que ça joue comme c'est mené. Si la direction en haut est forte, claire, engagée, ça se reflète sur le terrain. Pas toujours par des victoires, mais par de la cohérence. De la résilience. De l'intensité.
L'inverse est aussi vrai : si l'organisation hésite, communique mal, change constamment de cap… les joueurs ne peuvent pas performer dans le vide.
Et c'est exactement ce qui se passe à Boston. Le dossier Devers n'a fait qu'exposer une fracture déjà existante. Et si Rafael n'a pas répondu comme un capitaine, il n'a pas été épaulé comme un tel non plus. Alex Cora, lui, semble avoir perdu une partie de sa magie. Ses décisions sont de plus en plus difficiles à suivre et son équipe réagit peu.
Lueur d'espoir… mais à condition d'agir
Le plus frustrant? C'est qu'il y a de l'espoir.
Kristian Campbell a ralenti, mais son potentiel est là. Marcelo Mayer commence à s'ajuster. Roman Anthony cogne à la porte. Duran est une force de la nature, Ceddanne Rafaela excelle en défense.
Toro est une révélation comme réserviste de luxe. Garrett Crochet est un vrai no 1.
Ce n'est pas une équipe sans avenir. C'est une équipe qui joue en-deçà de son potentiel.
La solution? Se parler pour vrai.
Avant de penser à échanger un pilier ou à congédier quelqu'un, les Red Sox doivent faire une chose essentielle : se parler. Se dire les vraies affaires. Établir une vision claire, la communiquer jusqu'au dernier joueur sur le banc. Créer une culture où tout le monde rame dans la même direction, des dirigeants au releveur de longue relève. Parce que sans ça, on reste en périphérie sans jamais s'approcher du but.
La vérité, c'est que les Red Sox ont assez de talent pour revenir dans le portrait. Mais le talent sans synergie, c'est comme un receveur sans signaux : il a beau avoir le meilleur gant du monde, s'il ne sait pas quel lancer s'en vient, il a l'air fou.
Boston ne peut plus se permettre ce genre de désalignement. Il n'est pas trop tard, mais il va falloir que quelqu'un allume la lumière et vite.