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RÉSULTATS

Le soleil et une taxation favorable achètent-ils des championnats?

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FORT LAUDERDALE - Le commissaire Gary Bettman qualifie de « ridicules » les allégations selon lesquelles le niveau de taxation plus que favorable dans l'État de la Floride ait un lien direct avec les trois présences consécutives des Panthers en finale de la coupe Stanley et le fait que cette équipe pourrait soulever le précieux trophée pour une deuxième année de suite.

Est-ce vraiment ridicule de faire une telle équation?

Non!

Car il est clair que l'absence ou les faibles taux d'imposition sur les revenus en Floride, au Texas, au Tennessee et au Nevada – l'Alaska, le New Hampshire, le Dakota du Sud, Washington et le Wyoming complètent le groupe – aident la cause des Panthers et du Lightning, des Stars, des Predators et des Golden Knights. Les directeurs généraux de ces cinq formations peuvent offrir des salaires plus « modestes » à leurs joueurs vedettes tout en les assurant d'un revenu égal ou supérieur à ce qu'ils toucheraient à Montréal, ailleurs au Canada, ou dans les États américains où les impôts sont plus élevés, voire très élevés comme à New York et en Californie.

Les 32 équipes de la LNH étant dans l'obligation de respecter un plafond salarial strict, il est difficile de prétendre que les politiques fiscales des États ou provinces où elles évoluent n'aient pas d'impacts directs. Favorables ou non!

Le fait que les Panthers sont en grande finale pour une troisième année de suite, que le Lightning a gagné la coupe Stanley en 2020 et 2021, qu'il est allé en grande finale quatre fois depuis 2015 en plus d'avoir perdu en finale d'association à trois reprises (2018, 2016, 2011), que les Stars de Dallas ont atteint la finale de la coupe Stanley en 2020 et qu'ils viennent de perdre trois années de suite en finale d'association mousse donc ces prétentions.

Sans compter les succès instantanés des Golden Knights à Las Vegas.

Mais l'absence d'impôts sur le revenu et des niveaux de taxation favorables n'expliquent pas tout. Loin de là.

Il serait même grossièrement exagéré de prétendre que cette réalité fiscale permette d'acheter des championnats.

« C'est une insulte à l'endroit de Bill Zito – le directeur général des Panthers – de Paul Maurice et son équipe d'entraîneurs, du propriétaire Vinny Viola de ne pas leur accorder le mérite qui leur revient dans les succès de cette organisation », a martelé le commissaire Bettman lors du point de presse qu'il a tenu en lever de rideau de la finale, le 4 juin, à Edmonton, et sur les ondes de TNT, lundi, avant le match numéro 3.

Tout commence avec le propriétaire

Ancien agent de joueurs de la LNH, Bill Zito est bien au fait de l'importance de la valeur des contrats quand vient le temps de choisir de rester au sein d'une organisation ou d'accepter de la joindre à titre de joueur autonome.

Mais il insiste sur d'autres facteurs qu'il qualifie de tout aussi importants.

« Tout commence par la qualité du propriétaire. Par sa volonté de tout mettre en œuvre pour que les joueurs se sentent bien au sein de son équipe. Nous avions besoin d'un centre d'entraînement, il a donné le feu vert à la construction de ce centre avec tout l'équipement qu'on voulait ajouter. Les services aux joueurs et aux membres de leurs familles sont aussi parfaits. Le soleil et le climat nous aident aussi à nous assurer que les gars soient bien ici. Qu'ils ne veulent pas seulement y jouer, mais aussi y vivre. La qualité de vie est donc cruciale. Mais ce qui prime sur tout, c'est la volonté de l'organisation de prendre tous les moyens pour que l'équipe soit compétitive. Elle l'est maintenant et nous joueurs savent que nous formons un club capable de gagner saison après saison », a insisté le directeur général des Panthers avant le début de la finale.

Zito a des moyens à sa disposition que d'anciens directeurs généraux – De Rick Dudley à Dale Talon en passant par Mike Keenan et Jacques Martin – n'avaient pas. Des directeurs généraux pour qui le soleil, le climat favorable, la qualité de vie et une taxation favorable ne suffisaient pas à attirer des joueurs capables de faire des Panthers un club champion.

Mais on doit aussi reconnaître son grand flair avec l'embauche, à très bas prix (800 000 $) du défenseur Nate Schmidt et les acquisitions de Seth Jones et Brad Marchand.  

Ce qui est vrai dans le sud de la Floride l'est tout autant un peu plus au nord, à Tampa. Pendant des années, le Lightning patinait sur la bottine en fait d'organisation. Des propriétaires manquant cruellement d'argent et de sérieux ont même mis en péril cette équipe.

Cette équipe est devenue la meilleure de la Ligue le jour ou le propriétaire Jeff Vinik a donné du sérieux à cette organisation en investissant des millions $ et en s'entourant d'hommes de hockey de premier plan comme Steve Yzerman, Julien BriseBois et Mathieu Darche qui vient de prendre la direction générale des Islanders de New York.

Maintenant que Jeff Vinik a vendu son équipe, il sera intéressant de voir si son successeur, Doug Ostrover, saura assurer le même genre de leadership.

Et c'est tout aussi vrai à Las Vegas et Dallas.

La gestion sensationnelle du repêchage d'expansion par George McPhee et Kelly McCrimmon, la qualité des installations offertes par le propriétaire Bill Foley ont joué des rôles plus importants dans les succès des Golden Knights depuis leur entrée dans la LNH qu'un niveau de taxation plus que favorable.

À Dallas, Jim Nill prouve année après année qu'il doit être considéré comme l'un des meilleurs directeur général de la LNH.

L'association des joueurs prudente

Marty Walsh, le directeur général de l'Association des joueurs de la LNH (NHLPA) et son bras droit Ron Hainsey refusent de qualifier d'avantages déloyaux les niveaux de taxation favorables dont les Panthers, le Lightning, les Stars et les Golden Knights profitent.

« Oui nous avons une séquence de six saisons de suite avec des clubs de la Floride en finale de la coupe Stanley. Pour le moment, je considère ça bien plus un reflet de la qualité des organisations que le fruit d'un avantage déloyal », a indiqué l'ancien défenseur du Canadien maintenant à la tête de la NHLPA

Hainsey revient aussi sur les succès des Bruins de Boston, des Blackhawks de Chicago et des Kings de Los Angeles, des équipes évoluant dans des marchés où les impôts sont très élevés et qui ont gagné la coupe Stanley entre 2010 et 2015 pour appuyer ses prétentions.

« Jonathan Toews et Patrick Kane ont gagné la coupe trois fois. Les Kings l'ont gagnée deux fois. Les Bruins une fois. Toews et Kane, comme Brad Marchand, Patrice Bergeron et Zdeno Chara et les vedettes des Kings ont-ils décidé de quitter ces équipes pour aller faire plus d'argent ailleurs? Non! Ils sont restés à Boston, Los Angeles et Chicago malgré des impôts élevés, parce qu'ils avaient des chances logiques de gagner chaque année. C'est ce qui prime sur tout », a ajouté Hainsey.

« Comme tout le monde, nous suivrons l'évolution de ce dossier. Et si dans six, sept ou dix ans, ce sont encore toujours des équipes évoluant dans des marchés profitant de taxations favorables qui se rendent en finale de la coupe Stanley, on devra analyser plus en profondeur. Mais pour l'instant, il s'agit simplement de concours de circonstances à mes yeux », a-t-il conclu.

Brad Marchand n'est pas d'accord avec le haut dirigeant de son association.

« Le niveau de taxation est un élément très important à mes yeux. À partir du moment où tu profites de ton autonomie et que tu peux choisir l'endroit où tu joues, c'est clair qu'un marché moins gourmand en matière de taxes et d'impôts sera toujours plus attrayant qu'un marché canadien. Du moins pour moi », a indiqué le vétéran qui aura justement l'embarras du choix le premier juillet prochain lors de l'ouverture du marché des joueurs autonomes.

À moins qu'il n'accepte moins d'argent pour s'établir en Floride avec sa famille, profiter du soleil et de la qualité tout en évoluant au sein d'une équipe élite dans la LNH et en payant moins de taxes et d'impôts.